
Gamal Abdel Nasser fut président de l’Egypte du 26 juin 1956 au 28 septembre 1970, même si, dès 1954 il fut, de facto, aux commandes du pays, suite au coup d’état des Officiers libres en juillet 1952. Chantre du panarabisme, il était « en Egypte, et dans l’ensemble du monde arabe, sans doute plus vénéré qu’aucun autre homme. »* En trois petits épisodes, je vais détailler trois faits marquants de l’époque où Nasser était au pouvoir, en commençant par l’un des plus connus : la crise du canal de Suez.
La deuxième partie sera consacrée aux tentatives d’unions avec d’autres pays arabes, et au soutien à divers mouvements (en Algérie, au Yémen etc.), tandis que la troisième partie s’attardera sur la Guerre des six jours.
Nasser nationalise le canal de Suez
Gamal Abdel Nasser procéda à de nombreux changements en Egypte : gratuité de l’enseignement, hausse des salaires, création du secteur public, développement de l’industrie, réforme agraire : le nouveau leader du monde arabe se présente alors comme un socialiste et un révolutionnaire. De nombreuses nationalisations sont également menées.
En 1956 Nasser annonce la construction du barrage d’Assouan. Puis, le 26 juillet 1956 il déclare la nationalisation du canal de Suez. Celui-ci, inauguré en 1869, était devenu une zone neutre internationale, sous protectorat britannique. à la suite de la signature, par les Ottomans, de la convention de Constantinople, le 29 octobre 1888.
Devant cette déclaration, Français et Anglais, qui perçoivent alors des droits de péages sur le canal, expriment leur mécontentement. Mais le soutien ouvert de Nasser aux indépendantistes Algériens, combiné à l’inquiétude d’Israël devant la montée en puissance de l’Egypte, et de sa potentielle volonté de revanche après le premier conflit israélo-palestinien, conduisent la France, le Royaume-Uni et l’Etat hébreu à un accord.
Une alliance tripartite contre Nasser
Malgré une conférence, censée résoudre les problèmes, la France et la Grande-Bretagne commencent l’acheminement de troupes vers Chypre. Un accord est passé avec Israël. Ce dernier attaquera l’Egypte, et, devant la riposte de cette dernière, les Français et les Anglais interviendront pour se poser en intermédiaire de la paix.
C’est effectivement ce qui se passe le 29 octobre, les troupes israéliennes entrent à Gaza et dans le désert du Sinaï. L’armée égyptienne est en déroute. Le lendemain, suivant l’accord qu’ils ont passé avec Israël, la France et le Royaume-Uni envoient un ultimatum. Devant le refus de Nasser ils bombardent, le 31 octobre, l’Egypte.
Le but : détruire l’aviation du pays. Quelques jours plus tard, les 5 et 6 novembre, des parachutistes sont lancés sur Port-Saïd. Mais l’URSS, qui s’est alors rapproché de l’Egypte hausse le ton. Elle menace même de riposte nucléaire les trois alliés. Les Etats-Unis contraignent alors la France, le Royaume-Uni, et Israël à cessez les hostilités. C’est chose faite dès le 6 novembre.
Nasser triomphe
Malgré la défaite militaire des armées égyptiennes, et le fait que les troupes françaises et britanniques restent dans la région jusqu’en décembre, Nasser sort grandi de cette crise et devient, aux yeux du monde, l’un des leaders de l’anti-impérialisme. Israël est contraint de rendre la bande de Gaza et le Sinaï. Le canal, rendu volontairement inutilisable par l’Egypte, qui avait coulé ses navires, sera, lui, rouvert le 8 avril 1957.
*Extrait de Révolutions égyptiennes. De Nasser à la chute de Moubarak, OSMAN Tarek, le bruit du monde, 2011.