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Sous la conduite d’un gouvernement socialiste, le Portugal a, depuis novembre 2015, entamé un virage à gauche, prenant de cours les technocrates de Bruxelles qui réclamaient toujours plus d’austérité et de régression des droits sociaux. A l’opposé de cette spirale infernale qui a conduit de nombreux pays d’Europe du Sud, y compris le Portugal, a la misère et au chômage de masse, le gouvernement portugais a décidé de mener des politiques de relance, prenant en compte la volonté du peuple portugais.

Soutenu par tous les partis de gauche, Parti communiste portugais (PCP), les verts, Bloc de gauche, le premier ministre Antonio Costa sait qu’il a tout intérêt à mener une telle politique s’il ne veut pas voir son gouvernement renversé par la droite au Parlement. Ainsi, alors qu’il avait été baissé par la droite, le salaire minimum a été augmenté à deux reprise : en 2016 tout d’abord où il était passé de 485€ à 530€, et au mois de janvier 2017 où il était passé de 530€ à 557€. En parallèle cette augmentation a été accompagné d’une d’augmentation de diverses allocations, ainsi qu’un arrêt des privatisations qui avaient contribué à ruiner l’économie portugaise.

Bruxelles, et les gouvernements libéraux européens, voyaient d’un très mauvais oeil ce gouvernement et ses réformes, l’accusant de tous les maux. Hors, comme on pouvait s’y attendre, ce virage à gauche a été plus que bénéfique à la fois pour le peuple portugais, mais aussi pour l’économie du pays dans son ensemble, avec notamment un taux de chômage en baisse. En 2016 ce dernier était de 11,1 %- 14,4% en 2014- seulement de 8,8% pour le deuxième trimestre de 2017 : des chiffres qui montrent la parfaite absurdité des recommandations de la commission européenne, qui réclamait toujours plus de coupes budgétaires, et toujours plus de sacrifices. Ironie du sort, le Portugal a même atteint l’un des objectifs fixé par Bruxelles, à savoir faire passer le déficit en dessous de la barre des 3% du PIB, un objectif non atteint par les autres pays ayant accepté de mener des politiques ultra-libérales et austéritaires sous les ingérences de Bruxelles.

Aller plus loin dans la rupture

Le gouvernement portugais doit toutefois se méfier, et ne pas être trop modéré dans ses réformes. Certes de profonds changements ont été initiés, sur le plan économique et social comme on vient de l’évoquer mais aussi sur le plan de l’accueil des immigrés, puisque le gouvernement socialiste a, dès le début, manifesté sa volonté d’accueillir plus de migrants, et dans des conditions dignes, à l’inverse de tant de pays européens (1).  A l’occasion d’un discours devant la commission européenne le 19 février 2016, le premier ministre Antonio Costa rappelait une triste réalité de l’accueil des migrants, et refusait de voir se dessiner « une Europe qui ferme ses frontières, pour bloquer l’accès aux réfugiés ». Ainsi, pour chaque réfugié arrivant au Portugal, le gouvernement a mis en place toute une série de mesure, visant à faciliter leur intégration : un logement gratuit les premiers mois, des cours de portugais pour les rendre autonomes le plus rapidement possible, et ils reçoivent également une aide pour trouver du travail, sans oublier l’accès au système de santé et la scolarisation des enfants.

Une politique qui tranche avec ce à quoi on peut d’assister dans d’autres pays européens comme en Pologne, en Hongrie, où même en France. Car si cette politique est, certes d’abord, la volonté du gouvernement, elle est aussi celle du peuple portugais. Malgré la crise qui a frappé le pays ces dernières années, il n’y a pas eu de manifestations à l’encontre de l’arrivée supplémentaires de réfugiés, au contraire les portugais se sont montrés chaleureux et désireux d’aider ceux qui venaient trouver refuge sur leur terres.

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Les inquiétudes ne portent donc pas sur cet aspect si, mais sur les déstabilisations et les menaces économiques que pourraient subir le Portugal du fait du tournant antilibéral qu’a osé prendre le gouvernement portugais. Et malheureusement les récentes expériences d’une politique sociale tournant le dos aux exigences de Bruxelles ont pour le moins déplu aux technocrates de l’Union européenne. Que ce soit à Chypre, où en Grèce, lorsque des formations de la gauche souhaitant mettre en place un réel programme de gauche, étaient portées au pouvoir par leur peuple respectif, la machine de propagande se mettait en route. Dans ces deux cas, en plus des habituelles critiques sur l’irresponsabilité des dirigeants où sur leur programme inapplicable, de fermes mesures économiques à l’encontre de ces pays ont été mises en place, notamment le non-approvisionnement des banques. Une manière à la fois de mettre le couteau sous la gorge du gouvernement élu, mais également un moyen de commencer à monter le peuple contre son nouveau gouvernement.

A mon sens, l’erreur du gouvernement grec d’Alexis Tsipras, a été de céder, trop rapidement, et sans contreparties, aux exigences des banquiers. Une erreur que ne devra pas faire le gouvernement portugais, si d’aventure de telles sanctions étaient prise en son encontre. Pour le moment, et devant les réelles progrès de l’économie portugaise, on voit mal comment Bruxelles pourrait reprocher quoique que ce soit au gouvernement portugais.

Au contraire, les réussites économiques pourraient encourager d’autres pays à tourner le dos aux injonctions de la commission européenne, et certains partis socialistes, qui ont depuis un certains temps renoncer à mener des politiques antilibérales, pourraient de nouveau se tourner vers des choix marqués à gauche. Le fait que le gouvernement socialiste dispose de la majorité parlementaire grâce entre autres au PCP et au Bloc de gauche permet à nos camarades d’exercer un « contrôle » sur l’action du premier ministre. Une manière de garantir que le Parti socialiste portugais tiendra ses promesses électorales et ne rebroussera pas chemin en cours de route.


 

(1) : Amnesty International : Portugal, en attendant les réfugiés.