
Après avoir publié un article pour rappeler la différence fondamentale entre l’antisémitisme et l’antisionisme, dont l’amalgame, volontaire, sert surtout à décrédibiliser et à condamner toute parole contre la politique menée par l’Etat d’Israël, il est temps d’aborder un autre sujet tout aussi l’important : la différence de traitement entre l’antisémitisme et l’islamophobie.
Il est aujourd’hui facile de la remarquer. En effet, si les propos antisémites sont largement réprimandés et condamnés, à raison, les propos contre les musulmans le sont bien moins. Pire, il semblerait que certains des polémistes alimentant ce genre de discours aient pignon sur rue dans certains médias et alimentent sans aucune restriction cette haine. Le récent cas d’une jeune femme portant le voile et verbalement attaqué par un élu d’extrême-droite au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Eric Zemmour a depuis longtemps l’accès régulièrement aux plateaux de télévisions (sa dernière émission sur Cnews intitulée « Face à l’info » a d’ailleurs récemment fait un record d’audience) où il peut tranquillement développer ses discours ou venir présenter ses livres. Il y a quelques semaines, déjà, LCI diffusait en direct la Convention de la droite, qui réunissait plusieurs personnalités allant d’Eric Zemmour à Marion-Maréchal le Pen et dont les thèmes étaient assez centrés sur l’islam et immigration. A la suite de ce discours, où il avait notamment prononcé : « le nazisme était raide et intolérant mais de là à le comparer à l’islam » et « tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam » beaucoup de journalistes de LCI ou du Figaro étaient montés au créneau.
Finalement, peut-être que le coup de gueule de Jean-Michel Apathie sur France 5 résume à lui seul l’ambiguïté de la situation :
« Dieudonné a été condamné pour incitation à la haine raciale. Depuis, il a été invité nul part. Eric Zemmour a été condamné il y a 15 jours, mais il l’avait déjà été avant. On a fait semblant de pas le voir avant, mais là on le voit, on peut pas dire qu’on ne le voit pas. Il a été condamné pour incitation à la haine religieuse. Donc, comment expliquer que Dieudonné n’a pas le droit à la parole dans la société française, c’est très bien d’ailleurs qu’il ne puisse pas parler […], alors qu’Eric Zemmour on ne l’interdit pas de parole. Ses employeurs ne le lâchent pas. RTL a défendu Eric Zemmour dans des moments où il ne l’était pas. Le Figaro continue, Cnews va peut-être le faire. Il y a un deux poids deux mesures dans la société, un discours antisémite sanctionné et un discours anti-arabe qui ne l’est pas. »