
Tout le monde s’accordera sur le fait que notre démocratie est en perte de vitesse, pour ne pas dire qu’il y a un vrai problème dans notre pays (voir : Macron : vers une dérive autoritaire du pouvoir). C’est la démocratie nationale, mais aussi, et peut-être surtout, la démocratie locale qui pâtit le plus de ces problèmes, depuis que les gouvernements s’évertuent à éloigner les centre de décisions, comme ce fut le cas avec la réforme des régions. Une réforme qui a été faîte sans tenir compte nullement des particularités des habitants et des territoires.
Devant ce constat que chaque citoyen peut faire, il serait donc naturel de remédier à ça en offrant de meilleurs services et une meilleure représentation. Or, c’est exactement le contraire qui se déroule. Non seulement on éloigne, de plus en plus, les services publics, en les concentrant dans des villes plus importantes. Mais de surcroît on fait en sorte que les lieux de pouvoirs soient, eux aussi, de plus en plus éloignés. C’est notamment visible dans des régions qui sont restées rurales, ou qui sont constituées de villes petites et moyennes et qui, du jour au lendemain, voient la grande ville de la région tout concentrer : pouvoir et service. Qu’en est-il des gens qui ont des difficultés à se déplacer ? Ceux dont les horaires sont irréguliers ? Ceux dont les salaires permettent à peine de couvrir les dépenses élémentaires et qui ne peuvent investir plus dans le budget essence ou transport ? Ceux qui préconisent ce genre de réforme se moquent éperdument des préoccupations des gens ordinaires.
- La perception des parlementaires, et notamment des députés
Je sais qu’un certain nombre de Français pensent qu’il y a trop de parlementaires, qu’ils ne travaillent pas assez, et qu’ils sont trop payés. Ce sont, très souvent, trois critiques qui sont répétées et qui s’additionnent et auxquelles il faut répondre.
Oui, les parlementaire de notre pays sont, sans doute, trop payés. Être député n’est pas un métier. C’est un mandat donné par le peuple. Et, en tant que représentant du peuple, et de la Nation, ils devraient donc nous représenter. A commencer par ne pas gagner plus que ce que ne gagne la majorité du pays, c’est-à-dire le salaire médian. Toutefois, si l’on compare le revenu des députés à d’autres revenus, comme ceux des actionnaires, ou des technocrates qui se pavanent à Bruxelles, ces personnes là nous coûtent bien plus cher. Un seul exemple. Quand un député touche un peu plus de 5 000 euros par mois, bien qu’il y ait également des indemnités et des avantages supplémentaires, un commissaire européen (comme Pierre Moscovici) touchera lui plus de 20 000 euros par mois sans compter les avantages comme l’aide à l’installation de Bruxelles (correspondant à deux mensualités de salaire), alors qu’il n’a été élu par personne. Inutile également d’évoquer les rémunérations, qui dépassent l’entendement, des 0,1 % des français les plus riches. Ainsi, tout en réaffirmant que les salaires des parlementaires, députés et sénateurs, comme ceux des ministres et des hauts-fonctionnaires, devraient être réduits, il serait également bien plus démocratique que nos élus nous représentent réellement.
Le problème c’est que l’Assemblée Nationale, comme le Sénat, n’est pas du tout représentative du peuple en ce sens que la majorité (76%) des députés sont issus des cadres et professions intellectuelles supérieures. En parallèle, seuls 4,6 % des députés sont des employés alors même que les employés représentent plus de 28 % de la population. (voir : L’Assemblée nationale ne compte quasiment plus de représentants des milieux populaires). C’est, à mon sens, l’un des problèmes majeurs de notre pays. Un problème qui peut expliquer, en partie, le fait que bien souvent ils votent pour des lois sans n’avoir aucune connaissance de la réalité de la majorité de la population.
Le second problème serait lié à l’absentéisme des députés. Là encore, il faut nuancer. Il est certain qu’il y a des députés qui en profitent, qui n’interviennent jamais, ne posent jamais de question orale ou écrite et qui, dans leur circonscriptions ne sont pas plus actifs que dans l’hémicycle. Toutefois, d’autres sont parfois absents de l’Assemblée, tout en étant très actifs lorsque qu’ils y sont, pour une simple et bonne raison : le travail d’un député consiste aussi (et surtout ?) a être au contact avec les citoyens du territoire où il a été élu. Entendre les revendications et y répondre, résoudre les problèmes locaux etc. C’est une partie non-négligeable du mandat d’un député qu’il ne faut pas minimiser.
De cette deuxième remarque découle naturellement la troisième. Si les députés, pour faire correctement leur travail, doivent être sur place, dans leur circonscription, ce qui implique de devoir connaître ce territoire, et ses habitants, pourquoi devrait-on réduire le nombre de députés ?
C’est pourtant simple à comprendre. Moins il y aura de députés, et plus ceux restants devront couvrir, et représenter, un territoire plus important et un nombre de personnes croissant. Et, c’est précisément ce à quoi veut arriver la majorité actuelle en baissant de 30 % le nombre de députés, mais aussi de sénateurs. Le nombre des premiers passeraient ainsi de 577 à 404 et celui des seconds de 348 à 244.
Et, Emmanuel Macron va même encore plus loin. Dans un article du Canard enchaîné du 13 mars dernier intitulé : Quand Sarko inspire l’Élysée, l’hebdomadaire satirique indique en effet que l’exécutif prévoit de supprimer à la fois les conseillers régionaux et départementaux pour les remplacer par une seule entité commune : les conseillers territoriaux. L’avantage selon le gouvernement ? Le nombre passerait de 6 000 conseillers départementaux et régionaux à 3 500 conseillers territoriaux. L’inconvénient pour les citoyens ? Un nouvel éloignement des centres de pouvoirs et une nouvelle baisse de la démocratie locale.
Renouveler notre démocratie ne passera pas par une réduction du nombre d’élus. Ni d’ailleurs par l’introduction d’une seule petite dose de proportionnelle. C’est tout le système qu’il faut transformer. Nos représentants- pour la plupart- ne nous représentent plus. La solution ? Faire confiance au peuple et passer par l’instauration d’une VIème République véritablement démocratique et profitable à la majorité de la population. Mais elle ne viendra pas d’un claquement de doigt. Le mouvement des Gilets Jaunes a réussi à faire vaciller le pouvoir. C’est désormais le peuple tout entier qui doit s’unir pour fonder une nouvelle République.